mercredi 1 décembre 2010

Ma routine

Ca fait presque un mois déjà que j'ai commencé à travailler comme bénévole dans une ONG qui s'appelle Fundacion Pro Vivienda Social. Maintenant que je suis un peu plus au courant de ce qu'ils font je peux me permettre d'en parler. C'est une organisation qui a été crée en 1992 avec le projet de permettre aux familles pauvres de Moreno, ville qui se situe dans la banlieue nord-est de Buenos Aires, d'accéder à des crédits pour pouvoir ensuite améliorer leur logement. En effet, c'est en général une population qui a immigré de la campagne vers la ville dans le but de trouver du travail et qui se sont installés tant bien que mal dans les environs de Buenos Aires. L'habitat est informel: ils ont occupés des terrains sans avoir le droit de propriété, y construisant des maisons avec des matériaux de mauvaise qualité. Par ailleurs, ces familles ne font pas partis pour la plupart du marché du travail formel mais plutôt du marché informel ou marché noir. C'est pourquoi il leur est difficile d'obtenir des crédits n'ayant pas de garantie. La Fondation a donc proposé à ces familles d'avoir accès à des micro-crédits, c'est-à-dire des sommes très petites afin de leur permettre de développer leur maison. 
Après avoir travaillé pendant plusieurs années dans ces quartiers et constaté le manque d'infrastructures, la Fondation a décidé de tout mettre en oeuvre pour leur apporter le gaz naturel. En effet, ils n'ont pas accès aux réseaux de gaz qui normalement est une infrastructure fournie par l'Etat. Avec l'aide des habitants des quartiers et par le biais du micro-crédit, la Fondation a pu apporter le gaz dans des quartiers qui n'en disposaient pas. C'est un processus très long et ils ont pour volonté d'étendre leur action et leur méthode à niveau national mais également de mettre en place d'autres projets pour développer ces quartiers défavorisés. 
Pour ma part, je travaille dans le secteur Recherche et Développement, et oui encore de la recherche.. Je suis donc amenée à faire des recherches sur différents sujets qui pourraient amener à mettre en place de nouveaux projets ou à obtenir des financements. En ce moment je travaille sur le thème de la jeunesse car nous travaillons avec des jeunes qui viennent faire un stage à la Fondation: ils apprennent à poser les tuyaux de gaz et étudient les maisons pour trouver la meilleure manière de leur apporter le gaz. Je cherche à savoir si leur travail au sein de la Fondation leur permet de se sentir valorisés dans leur famille et au sein de la communauté. En effet les jeunes constituent un problème assez important en Argentine et en Amérique latine en général. Ils sont la principale victime du chômage, et sont souvent mal perçus au sein de la société, comme étant ceux qui génèrent la violence, ceux qui consomment de la drogue. Je cherche donc à démontrer que la Fondation leur permet une sorte de réinsertion sociale, d'avoir une meilleure vision d'eux-même et d'avoir confiance en l'avenir en leur permettant d'apprendre un travail. Mais également de se sentir utiles au sein de la société et d'être mieux perçus par leur entourage. Je vais donc être amené à interroger ces jeunes qui travaillent bénévolement et qui fournissent une aide très importante à la Fondation afin de savoir comment ils se perçoivent et comment ils perçoivent cette expérience. Je travaille également sur le concept d'éducation populaire. 
C'est un travail qui me plaît énormément et qui m'a permis de faire des rencontres. En effet, il y a pleins d'étrangers qui viennent travailler en tant que bénévoles, l'ambiance est jeune et le projet est très intéressant. C'est super de se sentir utile et d'avoir l'impression de pouvoir aider les autres et de mener à bien des projets. 
Parfois nous allons dans les quartiers pour assister à des réunions avec les habitants et les gens de la Fondation qui travaillent sur le terrain. Je m'y suis déjà rendue deux fois et j'ai pu me rendre compte de la réalité de la pauvreté qui entoure Buenos Aires et pourtant il ne s'agit pas des quartiers les plus défavorisés. Les maisons sont faites de matériaux de toutes sortes, les routes sont souvent en terre battue mais il y a quelques maisons qui sont très bien construites. Cela dépend vraiment des maisons et des quartiers. Lorsque je suis allée aux réunions j'ai pu me rendre compte à quel point ces gens sont impliqués et mettent tout en oeuvre pour faire évoluer les choses dans les quartiers. 
Ces projets ne peuvent être menés à bien sans l'aide et la volonté de ces personnes. C'est intéressant de voir comment les gens démunis n'attendent pas que tout leur tombe directement dans les bras mais au contraire provoquent les changements non pas uniquement pour leur bien personnel mais pour le bien du quartier dans lequel ils vivent. Ce sont en général les femmes qui sont le plus impliqués dans ces projets car elles ne travaillent pas et ont le temps de s'investir. La Fondation est contre l'assistentialisme qui génère le clientélisme.  Elle a au contraire pour but de permettre à ces personnes d'acquérir les connaissances pour leur permettre de mettre en place ces changements à travers des processus de formation.
Si vous voulez plus d'informations sur la Fondation, vous pouvez consulter leur page web www.fpvs.org ou les retrouver sur facebook. Un peu de pub ne fait jamais de mal! Et si jamais l'envie vous prend d'avoir une expérience de bénévole, n'hésitez pas!
Et voici quelques photos de ma visite à Moreno. Certaines photos ne sont pas très nets car elles ont été prises depuis la voiture. Nous avons eu le droit à une visite guidée mais sécurisée.
Moi, devant le panneau de la Fondation!!

"No pase por favor, persona ajena al vivero"
Interdiction de passer aux personnes étrangères à la pépinière
Juste à côté des bureaux de la Fondation à Moreno.

Maquette faite par les élèves-stagiaires que nous appelons "Promotores Constructores"

Quilmes, la bière nationale!

Promenade dans le quartier: on peut voir des maisons qui ne sont pas finies d'être construites.

Le terrain de foot sans herbe, mais terrain de foot quand même

Je crois que c'était à vendre

Les poubelles ne sont pas mises à terre mais sur ces petits portiques.
Je pense que c'est pour éviter que les chiens ne les mangent.

Du coup je travaille tous les jours à la Fondation de 9h à 15h et après j'essaie d'aller à la bibliothèque pour avancer sur mes recherches. Et j'avoue que ce n'est pas évident. Non pas que je ne trouve pas la motivation pour y aller, au contraire. C'est surtout que l'état des archives n'est pas le même qu'en France. Je consulte la presse des années 80. En France les archives sont bien rangées par ordre chronologique dans des cartons et les journaux sont en parfait état. Mais ici les feuilles des journaux sont éparpillées dans le carton tout poussiéreux et sont à moitié déchirées. Autant vous dire qu'ils ne sont pas classés par ordre chronologique. Heureusement ils sont quand même rangés par mois ou par quinzaine. On peut dire qu'au début j'étais un peu désemparée mais une fois la méthode assimilée ça va assez vite. Heureusement les gens de la bibliothèque (je n'ose pas dire archiviste) sont très sympa et à chaque fois que j'y vais, ils veulent savoir d'où je viens, ce que je fais ici, si j'ai déjà visité l'Argentine, si je me plais ici. Il y en a toujours un qui se trouve un parent français. C'est assez marrant. En plus si j'ai une insomnie ou si je ne sais pas quoi faire de ma soirée, ils sont ouverts jusqu'à minuit tous les jours de la semaine.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire