mardi 9 novembre 2010

Fuerza Cristina


Je pense que vous avez du apprendre cette nouvelle dans les journaux: l'ex-président de la Nation argentine, Nestor Kirchner, est décédé il y a 10 jours. C'est un événement que j'ai dû ressentir d'une manière bien différente que si j'avais été en France à ce moment-là. En effet, je l'ai appris en allumant mon poste de télévision: sur toutes les chaînes d'actualité apparaissait la même information: Mort de Kirchner. Ca m'a semblé tellement bizarre que j'en ai poussé un cri de stupeur. En effet, il était jeune, à peine 60 ans, et il était le mari de l'actuelle présidente de la Nation argentine, Cristina Kirchner. 
Toutes les chaînes montraient les mêmes images de la population arrivant par dizaines, par centaines sur la Plaza de Mayo pour déposer des fleurs, des mots et montrer leur soutien à la présidente. Trois jours de deuil ont été déclaré en Argentine mais également dans d'autres pays d'Amérique latine comme le Brésil. Cet événement m'a interloqué: je me demandais si jamais un ex-président français ou le président actuel venait à mourir, est-ce que je viendrais devant l'Elysée déposer des fleurs?? Il est clair que non. Je réfléchissais ensuite à d'autres personnalités connus qui pourraient susciter chez moi une telle réaction.. Difficile à dire... 
Par ailleurs, quelques jours plus tôt, j'avais vu le film The Queen, de Stephen Frears qui dresse un portrait de la Reine d'Angleterre au moment de la mort de Lady Diana et qui montre des images d'archives où on voit la tristesse de la population et les gens qui viennent déposer des fleurs devant le palais de Buckingham. La situation me paraissait étrangement similaire. Je me demandais également quel impact cela avait pu susciter à l'étranger et notamment en France. 
J'ai écouté les informations sur France Inter où il n'a été dit que deux phrases, j'ai regardé les journaux le Monde, Libération, ne trouvant des articles que peu satisfaisants et assez critiques vis-à-vis du gouvernement actuel (il ferait mieux de se regarder). Mais aucune allusion à l'effusion  de tristesse présente à Buenos Aires. C'est pourquoi je me permet de vous raconter comment je l'ai vécu ici à Buenos Aires même si je n'ai sûrement pas tous les paramètres pour avoir une vision objective.


Le lendemain du décès, Miguel et moi, nous sommes allés sur la Plaza de Mayo pour voir ce qu'il s'y passait. En effet à la télévision, on nous montrait que le corps de Kirchner avait été amené à la Casa Rosada pour être veillé, l'arrivée des présidents latino-américains venus rendre un dernier hommage à l'ancien président et les gens, les argentins de toutes catégories, de toutes classes sociales faisant la queue pendant plusieurs heures d'affilées à l'extérieur pour pouvoir lui faire un dernier adieu et exprimer leur soutien à Cristina à travers des "Fuerza Cristina". Nous avons donc tenté de nous rendre Plaza de Mayo mais les métros ne desservaient pas les stations juste avant ce lieu. Nous avons du descendre plus haut sur l'Avenue de Mayo et la descendre à pied en longeant la file de gens qui se rendaient pour voir le cercueil. Il faut savoir que cette partie de l'avenue de Mayo est très grande pour se rendre compte de la longueur de cette queue. C'était un spectacle impressionnant, ressemblant en même temps aux manifestations que l'on peut voir à Paris sauf qu'à ce moment là, la population avançait à petit pas et tenait des banderoles de soutien à Cristina ou d'hommage à Nestor. Des messages avaient été collés dans la nuit, des banderoles surplombaient les rues, des graffitis coloriaient les murs, les sculptures et même les passages piétons. L'image du couple enlacé était sur tous les panneaux d'affichage de la ville. La place était noire de monde, les gens accrochaient des messages de soutien et des fleurs sur les barrières. Nous avons longé la queue pour voir jusqu'où elle allait. Nous avons constaté qu'elle faisait plus de 2 km de long à 21h du soir. A mon avis, les gens ont passé toute la nuit pour attendre leur tour. Le lendemain, il a plu des cordes sur Buenos Aires, mais les gens étaient là et continuaient de faire la queue. Pendant trois jours, les chaînes de télé ont fait du direct pour montrer les événements qui se produisaient dans la capitale et le pays tout entier. Lorsque le cercueil a quitté la Casa Rosada pour rejoindre l'aéroport, les gens ont suivit le corbillard, l'accompagnant jusque dans sa dernière demeure. 




Plaza de Mayo 

"Celui qui meurt en se battant vit dans chaque compagnon"

Je pense qu'il s'agit là d'un événement important dans l'histoire de l'Argentine. Il faut savoir que même si le gouvernement de Cristina est critiqué aujourd'hui en Argentine et suscite une très forte opposition, Nestor Kirchner est perçu comme un sauveur. Il est en effet considéré comme celui qui a réussit à sortir l'Argentine d'une crise économique et politique très importante en 2002, celui qui a remboursé la dette extérieure et celui qui a réouvert les procès des militaires qui ont commis des crimes contre l'humanité durant la dictature. Mais après on peut toujours se demander s'il n'y a pas eu une forme de propagande derrière le spectacle que l'on a pu observer. Il est clair qu'il y a eu une propagande du côté des affiches qui ont été collées dans la nuit mais je pense que la population est venue d'elle même car il faut vraiment le vouloir pour être prêt à faire la queue pendant des heures sous la pluie, voir toute la nuit. Je pense qu'ils ont réellement voulu lui rendre hommage et le remercier pour l'action qu'il avait faite pendant son mandat et qui a permis de redonner de l'espoir aux argentins.

1 commentaire:

  1. Je te rassure ou pas mais c pas en France qu'on fera cet hommage pour le Président et encore moins pour Sarko. Par contre pour Carla Bruni c'est autre chose, cela dépends de la personne et de ce qu'elle a fait pour les autres associations caritatives... Je pense que cet homme a été très utile au peuple argentin... d'ou cet hommage. Vous en avez vu des choses en Argentine

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